... Mais où sont les neiges de demain? Je dis que l’imagination, à quoi
qu’elle emprunte et – cela pour moi reste à démontrer – si
véritablement elle emprunte, n’a pas à s’humilier devant la vie. Il y
aura toujours, notamment, entre les idées dites reçues et les idées…
qui sait, à faire recevoir, une différence susceptible de rendre
l’imagination maîtresse de la situation de l’esprit. C’est tout le
problème de la transformation de l’énergie qui se pose une fois de
plus. Se défier comme on fait, outre mesure de la vertu pratique, de
l’imagination c’est vouloir se priver coûte que coûte, des secours de
l’électricité dans l’espoir de ramener la houille blanche à sa
conscience absurde de cascade. L’imaginaire est ce qui tend à devenir
réel.
André Breton- 1930 - revue Le SASDLR (« Le Surréalisme au service de la
révolution ») n° 1, p. 3
|