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Céline Minard - Le dernier monde
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Mais moi tu sais de quoi j’ai envie secrétaire ? De faire sauter les capsules. Toutes les capsules, les bouchons de la banque des eaux, on va se les faire. Les réseaux, les postes, les relais, les retenues, je vais tout envoyer en l’air. La sclérose du règne hydraulique c’est terminé. Terminé et c’est moi qui m’en charge. Moi contre les dynasties, les millénaires. […] Pour que les sédiments s’écoulent librement, en flux dynamique, dans les lits en tresses, en méandre et pavés ou dallés comme ils voudront comme des chansons. Pour la capillarité retrouvée. Pour que les cours se détournent à leur gré sur des kilomètres carrés et pour les inondations gigantesques et que Paris soit noyé aussi et que montent les eaux dans les étables d’Augias qui sont partout où les constructeurs sont passés. Que les palais s’effondrent, que les pyramides s’effritent, que les murailles craquent et tombent en poussière dans la turbidité des fleuves relaxés. Que la terre retrouve sa vitesse de sédimentation et lâche ses liquidités séminales dans une dépense incontrôlée et gratuite. Ah ! Contre Da Yu. Céline Minard, Le dernier monde - Denoël 2007 (ISBN 978-2-20725921-4) ; rééd. « Folio », 2009 |