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(Savinien de Cyrano de Bergerac, puis)
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J'avais attaché autour de moi quantité de fioles pleines de rosée, sur lesquelles le Soleil dardoit ses rayons si violemment, que la chaleur, qui les attiroit, comme elle fait les plus grosses nuées, m'éleva si haut, qu'enfin je me trouvai au-dessus de la moyenne région. Mais comme cette attraction me faisoit monter avec trop de rapidité et qu'au lieu de m'approcher de la Lune comme je prétendois, elle me parraissoit plus éloignée qu'à mon départ, je cassai plusieurs de mes fioles, jusqu'à ce que je sentis que ma pesanteur surmontoit l'attraction, et que je redscendois vers la terre. Savinien de Cyrano de Bergerac (1619-1655). Voyage dans la Lune. - édition Flammarion 1898 disponible à la BNF |
L'Azur De l’éternel Azur la sereine ironie Accable, belle indolemment comme les fleurs, Le poète impuissant qui maudit son génie A travers un désert stérile de Douleurs. Fuyant, les yeux fermés, je le sens qui regarde Avec l’intensité d’un remords atterrant, Mon âme vide. Où fuir ? Et quelle nuit hagarde Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant ? Brouillards, montez ! versez vos cendres monotones Avec de longs haillons de brume dans les cieux Que noiera le marais livide des automnes, Et bâtissez un grand plafond silencieux ! Et toi, sors des étangs léthéens et ramasse En t’en venant la vase et les pâles roseaux, Cher Ennui, pour boucher d’une main jamais lasse Les grands trous bleus que font méchamment les oiseaux. Encor ! que sans répit les tristes cheminées Fument, et que de suie une errante prison Eteigne dans l’horreur de ses noires traînées Le soleil se mourant jaunâtre à l’horizon ! |
Le Ciel est mort. - Vers toi, j’accours ! Donne, ô matière, L’oubli de l’Idéal cruel et du Péché A ce martyr qui vient partager la litière Où le bétail heureux des hommes est couché, Car j’y veux, puisque enfin ma cervelle, vidée Comme le pot de fard gisant au pied d’un mur, N’a plus l’art d’attifer la sanglotante idée, Lugubrement bâiller vers un trépas obscur... En vain ! l’Azur triomphe, et je l’entends qui chante Dans les cloches. Mon âme, il se fait voix pour plus Nous faire peur avec sa victoire méchante, Et du métal vivant sort en bleus angélus ! Il roule par la brume, ancien et traverse Ta native agonie ainsi qu’un glaive sûr ; Où fuir dans la révolte inutile et perverse ? Je suis hanté. L’Azur ! l’Azur ! l’Azur ! l’Azur ! Stéphane Mallarmé, Vers et Prose, 1893 |
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Atmosphère du matin au printemps dans le Val Montjoie |
Le même Val Montjoie à l'automne. La vallée de l'Arve au premier plan. Les particules polluantes émises par le chauffage et la circulation automobile sont piégées par la stabilité de l'atmosphère. |