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Pierre Desproges

Pierre Desproges - Sur le mur de la Cour du Havre

Le désir secret des hydrologues

Sur le mur de la Cour du Havre, à plus d’un mètre du sol, on peut lire sous un trait large peint à l’huile : « crue de 1910 ». On dit aujourd’hui que, par la grâce des ingénieurs des Eaux-et-Rivières susceptibles de hauts et de bas, Paris est désormais à l’abri d’un tel débordement. Et je dis que c’est triste. L’idée de mourir un jour sans avoir eu la chance de voir Paris noyé à hauteur de béret m’est intolérable. Les bagnoles qui puent, qui vroument, les mammifères de bureau vibratiles, les pépés grommeleux à bout de chien chieur, les amoureux par deux, les nippons touristiques, contempler toute cette vaste humanité pour quelques heures enfouies sous l’eau lisse et tranquille de la Seine éternelle, dans le silence où passe une mouette étonnée qui se pose sur la crête émergée d’un parcmètre englouti et voit passer trois képis flottant vers Rouen et les mers atlantiques, ah, merde à Dieu, mourir après je veux bien, voir Naples avant, je m’en fous.

Pierre Desproges, références ?

Contexte

J’ai pris ce texte de la malle aux trésors : https://hydrologie.org/LUN/Lundi.htm Je remercie toute personne qui pourrait me donner plus d’éléments et de références sur ce texte.
Par ailleurs, je suis allé tout exprès dans la Cour du Havre de la gare Saint-Lazare. Je n’y ai pas trouvé le trait peint à l’huile dont on parle ici et j’ai constaté que la gare et sa cour sont relativement hautes en altitude au dessus de la Seine. Si la crue de 1910 l’a inondée, je ne pense pas que la profondeur d’eau ait pu atteindre plus d’un mètre. Il y a en revanche un repère de crue boulevard Diderot, sur un bâtiment de la gare de Lyon.

Hydrologie

En premier lieu, je console Pierre Desproges : Par la grâce des ingénieurs des Eaux-et-Rivières susceptibles de hauts et de bas, Paris n’est pas à l’abri d’un tel débordement.
Une crue, c’est souvent plein de malheurs et de souffrances. Mais comme beaucoup d’hydrologues, j’aimerais bien en voir une belle, ; et en particulier la crue de l’Isère qui noiera Grenoble. Comme dans le Désert des Tartares, où Drogo passe sa vie au fort Bastiani en attendant vainement l’attaque des tartares qui n’arrive qu’au moment de son départ, impotent, vers la vallée, je l’espère secrètement pour 2018, juste après mon départ à la retraite...

http://pp.ige-grenoble.fr/pageperso/belleudp/rivieres/BV_Rhone-Mediterrannee-Corse/BV_Rhone/Ardeche/Ardeche/slides/2007-06-04_14-25-05.jpg
Repère de la crue de l’Ardèche du 22 septembre 1890 à Vogüé Licence Creative Commons Philippe Belleudy

Références


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créée: 17 août 2018
mise à jour: 13 janvier 2021