retour au sommaire : L’encre qui coule de source -  l’hydrologie dans la littérature
Maurice Genevoix

Louis-Ferdinand Céline - Rigodon

Structure des écoulements dans la rivière

article en cours d'écriture


... là que j'en ai appris un bout, je peux dire, de tous les petits secrets du fleuve, des berges et des sablières... là que j'ai appris, je craignais personne, les vraies finesses de la godille... j'ai su remonter, glisser au port, à la remontée de l'énorme courant, au milli! d'une cuillère, artiste! crois-le! un poil en deçà : le torrent t'emporte youyou, bonhomme, qu'un cri! fini!... j'étais phénomène à la crue! j'ai su faufiler, au poignet, entre convois, remoqueurs, péniches moustachues, mortels gouvernails, bien avant de savoir les quatre règles, et même l'addition... or Marcel retiens, admire ce phénomène, le contre-courant! moi qui te parle, et qui ne bouge plus guère, qui n'ai plus l'envie ni la force, je me suis connu, encore tout môme, champion du bief à la remontée "contre-courant"!... tout ça t'ennuie, insipide!... l'inondation ne peut rien te dire, t'étais pas né!... tout était si submergé, la Seine si furieuse, barrages et les berges arrachées, et les tilleuls, halages noyés, et les vastes plaines et les villas et mobiliers... désastre national!... qu'encore des années plus tard, tout était que boue, et la cour de Rome...Marcel tu ne peux pas te rendre compte...
- Tu le dis... ça va!...
- Ça va et je le prouve! doutif! mais nous n'avons plus comme au reste, que des simili sorties de fleuves!... depuis 1910 je te parle, les éléments font juste mine qu'on va voir de ces déluges!... et ils bougent à peine...
- Où tu veux en venir Ferdinand! abrège! je dois déjeuner, il est midi et j'ai du monde...
- Voici malotru!... sache bien que les torrents qui brisent tout, interdisent la navigation, tordent tous les ponts, écrasent les villes, déchiquettent les remorqueurs, et convois, respectent le petit liseré des berges!...ainsi les furies de l'opinion! t'es au milieu de la rivière t'es pulvérisé...
Il ne me laisse pas finir...
- Tu l'as déjà dit! il est midi cinq, j'ai du monde!
- Ce n'est pas tout!... il faut apprendre, sapristi mufle! le petit liseré contre-courant, là que le vrai artiste nautonier barre et maintient son esquif! très finement t'entends! du travail que t'as pas idée, gougnaffe velu! affamé d'hors-d'œuvre!

Céline - Rigodon - 1961 - Gallimard


Hydrologie

On ne parlera pas ici de la crue de la Seine en 1910 dont il est question rapidement dans le texte. Le sujet a déjà été discuté par Pierre Desproges dans un autre article. On passe seulement ici de la cour du Havre à la cour de Rome.

On va se concentrer ici sur le contre-courant. Céline évoque surtout le fait que dans la rivière, l'écoulement n'est pas uniforme; il ne se fait pas partout à la même vitesse. Aux plus petites échelles, il y a bien entendu la turbulence, depuis les micro-tourbillons jusqu'aux macrostructures turbulentes qui sont évoquées du côté de chez Swann. On va plutôt se pencher sur les hétérogénéités à l'échelle de la section en travers.

1. Dans une ligne droite et avec un chenal prismatique
On constatera des vitesses plus importantes au centre de la rivière et à proximité de la surface, et au contraire des vitesses faibles à proximité du fond et des berges. La veine fluide en mouvement frotte avec les parois, et au voisinage de celles-ci l'écoulement est fortement ralenti (c'est un peu plus compliqué du fait que le fond n'est pas lisse... mais restons à l'échelle spatiale de la rivière...).

Conséquence sur la mesure du débit : on ne peut pas se contenter d'une seule mesure de la vitesse de surface, et on explore l'ensemble du champ des vitesses avec un moulinet ou un vélocimètre acoustique. Pour plus de détail, demander à Voltaire.

L'ingénieur calcule souvent par une représentation simplifiée avec une valeur moyenne de la vitesse dans chaque section en travers (on appelle ça un calcul unidimensionnel). Il doit cependant tenir compte de cette approximation quand la vitesse est très différente dans la section. Exemples:
Quand cette approximation unidimensionnelle n'est plus raisonnable, on calcule de manière distincte les écoulements dans la section en travers (calcul par tubes de courant), ou dans le lit composé (modèles dits à casiers, calcul bidimensionnel horizontal).

2. Quand la rivière fait des courbes
Dans le cas d'une courbe, les régions de la section en travers où la vitesse et la plus grande sont celles où la force centrifuge est aussi la plus grande. Les masses  d'eau en mouvement à la surface de la rivière sont donc déportées vers l'extérieur de la courbe. Par continuité, les parties plus profondes et plus lentes de de la veine fluide sont dirigées vers l'intérieur de la courbe. L'écoulement n'est plus unidirectionnel mais plutôt hélicoïdal.

Ce mouvement se traduit par une érosion de la berge extérieure de la rivière, qui sera naturellement plus raide, avec un retour des matériaux érodés vers l'intrados de la rivière un peu plus à l'aval.  Les bancs de sable et de galets visibles en basses eaux dans le lit de la rivière sont le résultat de ce mécanisme.

(ajouter photo)

3. À la confluence de deux rivières

Conséquences sur le mélange et la dispersion.

Convection différentielle / Dispersion des polluants / Destruction des stratifications


confluence Drac Isère
Confluence du Drac et de l'Isère - en attendant de trouver une photo qui montre de manière plus explicite le contre-courant...
Licence Creative Commons Philippe Belleudy


4. Le contre-courant. Au voisinage des ouvrages. En crue.


crue 2008
L'Isère en crue (en rive gauche près du pont de la rocade) Licence Creative Commons Philippe Belleudy

Références

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créée: 27 janvieri 2017
mise à jour: 27 avril 2021