Les mégadunes, ou l'eldorado des glaciologues...

pente douce ©Joel Savarino

L‘équipe a passé plusieurs jours  sur un champ de mégadunes. Bien qu’elles soient étalées sur plusieurs km, l’horizon ne trompe pas. La trace laissée par un véhicule et les échos du radar le confirme ; Le sol n‘est pas plat dans le coin ! Comme par construction fractale, le vent laisse aussi des microdunes au sol qui ressemblent étrangement, mais à une échelle beaucoup plus petite, aux mégadunes. Intéressant…Surprenante nature, d’une échelle de plusieurs km à quelques cm, le vent reproduit les mêmes structures.

Parlez de mégadunes à un glaciologue et vous verrez soudainement des étincelles briller dans ses yeux ...mais que sont donc ces mégadunes ? Comme leur nom l'indique ce sont, à l'instar de leur cousines Sahariennes, des dunes façonnées par le vent, mais qui pour le coup sont constituées de neige. Pourtant ce préfixe méga laisse perplexe quand on sait que la structure affiche péniblement une hauteur de 4 m pour une largeur moyenne de 4 km..... faites le calcul, cela fait sur le terrain une pente de l'ordre du 1 pour mille, autant dire imperceptible. Alors pourquoi tout ce déploiement d'énergie pour aller ausculter ces pâles structures ? En fait, aussi peu prononcé soit le relief, il interagit subtilement avec le vent prédominant pour soit déposer la neige soit l'éroder, créant ainsi au vent et sous le vent de la-dite dune des zones respectivement d'accumulation et d'ablation de neige. Or la mesure de ces quantités de neige apportées et érodées sont fondamentales dans la compréhension du bilan de masse global de l'Antarctique (une sorte de bilan comptable entre les gains et pertes de masse de la calotte glaciaire), lequel bilan de masse détermine en grande partie la contribution de l'Antarctique à l'élévation du niveau marin mondial. Voilà la raison de l'excitation de certains glaciologues à la vue du moindre relief s'esquissant à leurs yeux. A leur corps défendant, il faut reconnaître que l'extrême platitude et monotonie du plateau Antarctique est toute propice à cette excitation qui veut que la moindre singularité, fut-elle un micro relief, un signe antérieur de passage, un volatile égaré, déclenche l'hystérie collective dans l'équipe.

Promis, l'été prochain on ira tous en vacances à la dune du Pilat pour voir ce qu'est une vraie dune...

 

 

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