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Chatillez Rimbaud.jpg RushdieBarbery LaFontaine

Étienne Chatillez - La vie est un long fleuve tranquille
(mais aussi : Arthur Rimbaud, Salman Rushdie et Muriel Barbery et Jean De La Fontaine)

La photo d’Étienne Chatillez utilisée en vignette pour cet article provient du site http://www.allocine.fr.

Régime hydrologique / Morphologie fluviale

Mais enfin Maman !

film réalisé par Étienne Chatiliez et sorti en 1988

Mais il y a aussi de nombreux textes qui parlent des longs fleuves tranquilles, il sont impassibles pour Rimbaud (ici juste l'extrait d'un poême évoqué dans un autre billlet) :


Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
...

Arthur Rimbaud - Le bateau Ivre  - 1871 - Poêmes.

Ils sont paresseux pour Salman Rushdie :



(texte à retrouver)

Salman Rushdie, Luka et le Feu de la Vie (Ch. ?) / traduction Gérard Meudal / ed. Plon, 2010

Le fleuve est chatoyant pour Muriel Barbery :



Mais il faut avoir vu Manuela m'offrir comme une reine les fruits de ses élaborations pâtissières pour saisir toute la grâce qui habite cette femme. Oui, comme une reine. Lorsque Manuela paraît, ma loge se transforme en palais et nos grignotages de parias en festins de monarques. Comme le conteur transforme la vie en un fleuve chatoyant où s'engloutissent la peine et l'ennui, Manuela métamorphose notre existence en épopée chaleureuse et gaie.

Muriel Barbery - L'élégance du hérisson - 2006 - éd. Gallimard .

En aval, les cours d'eau sont l'image d'un sommeil doux, paisible et tranquille pour Jean de La Fontaine  qui compare la rivière au torrent plus en amont (je dois cette référence à Vasken Andréassian).


Avec grand bruit et grand fracas
Un torrent tombait des montagnes :
Tout fuyait devant lui ; l'horreur suivait ses pas ;
Il faisait trembler les campagnes.
Nul voyageur n'osait passer
Une barrière si puissante :
Un seul vit des voleurs, et se sentant presser,
Il mit entre eux et lui cette onde menaçante.
Ce n'était que menace, et bruit, sans profondeur ;
Notre homme enfin n'eut que la peur.
Ce succès lui donnant courage,
Et les mêmes voleurs le poursuivant toujours,
Il rencontra sur son passage
Une rivière dont le cours
Image d'un sommeil doux, paisible et tranquille
Lui fit croire d'abord ce trajet fort facile,
Point de bords escarpés, un sable pur et net.
Il entre, et son cheval le met
A couvert des voleurs, mais non de l'onde noire:
Tous deux au Styx allèrent boire ;
Tous deux, à nager malheureux,
Allèrent traverser au séjour ténébreux,
Bien d'autres fleuves que les nôtres.

Les gens sans bruit sont dangereux:
Il n'en est pas ainsi des autres.

Jean De La Fontaine - Le torrent et la rivière  - Fables, livre VIII,  1678.


Hydrologie

À l’aval, un cours d’eau peut sembler plus tranquille par comparaison à un torrent ou une portion de rivière plus en amont.

Le bassin versant est étendu et l’hydrologie est tempérée. Il est exceptionnel qu’une crue provienne des contributions simultanées de l’ensemble du bassin.

Les enjeux sont plus grands et des endiguements forcent souvent le fleuve en crue à rester dans sont lit principal. Cependant si le fleuve déborde, la crue s’épanche dans un mit majeur large où la vitesse d’écoulement sera très faible.

La montée de crue est lente. Le débit ne provient pas directement des ruissellements, mais de la convergence de ceux-ci sur les cours d’eau affluents, avec souvent un écrêtement et un ralentissement par des débordements en amont. Cette propriété permet par ailleurs une meilleure anticipation des enjeux riverains.

La pente est plus faible en aval qu’en amont (voir ce qu'en dit Bob Dylan) ; la vitesse de l’écoulement est généralement plus faible. Mais en crue le fleuve n’en reste pas moins puissant et la crue irrépressible (la Force tranquille ?) .

La profondeur plus grande : les turbulences sont moins marquées à la surface. Contrairement à ce que l’on peut constater le long d’un torrent, le bruit du fleuve est beaucoup moins intense ; il est aussi généralement plus grave. Voir à nouveau Luka et le feu de la vie.

Parce que la pente et la vitesse ont décru depuis l’amont, le transport solide concerne seulement les particules les plus fines. Au fond de la rivière aux conditions normales, en suspension éventuellement en crue ; les érosions de la berge, quand elles existent, sont moins brutales que dans une rivière torrentielle. Voir Baudolino où l'on décrit la rivière plus calme à l’aval.

Rhin à Coblence
Le Rhin à Coblence (l'amont au fond de la photo, l'aval en bas à gauche) Licence Creative Commons Philippe Belleudy

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créée: 28 avril 2019
mise à jour: 13 janvier 2021